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Mondiaux Juniors | Jean-Baptiste Dayer sélectionné

Mondiaux Juniors

Jean-Baptiste Dayer du Karaté Club Valais sera le seul Valaisan de la délégation suisse

Bel article d’Adrien Délèze pour Le Nouvelliste.

L’espoir du KCV vivra à 16 ans ses premiers Mondiaux juniors la semaine prochaine. Une échéance qu’il affronte sans pression, puisque son sport l’a fait mûrir en tant que sportif et en tant qu’homme.

A peine entré dans le dojo du Karaté Club Valais (KCV) que le décor est déjà planté: «Le karaté est ma force». Ces lettres inscrites en petits caractères rappellent aux karatékas que leur sport est avant tout une école de vie.

Lorsque, à peine âgé de 8 ans, Jean-Baptiste Dayer a franchi pour la première fois les portes du centre d’entraînement du KCV, sans doute n’avait-il pas encore conscience de la révolution que le karaté allait amener dans sa vie. «Je bougeais déjà beaucoup et pratiquais de nombreux sports, mais j’ai voulu essayer encore autre chose», souligne le jeune homme. Dès ses premiers pas sur le tatami, le petit bonhomme découvre un monde qui l’interpelle autant qu’il l’intrigue. «C’était difficile, il y avait tout un travail de mémorisation, tout me paraissait bizarre. Mais j’ai tout de suite croché.»

DES MONDIAUX POUR L’ANNIVERSAIRE

Huit ans plus tard, le jour de son seizième anniversaire, Jean-Baptiste Dayer pénètre une énième fois dans la salle d’entraînement qui l’a vu grandir. Son cadeau? Une séance matinale privée qu’il qualifie lui-même «d’exigeante». «On a d’abord travaillé les enchaînements et la fluidité, avant de réaliser une demi-heure de cardio à haute intensité.» Sous les yeux de son entraîneur, Olivier Knupfer, et de son sparring-partner Kujtim Bajrami, l’Hérensard d’origine se prépare pour le premier grand tournoi de sa carrière: les Mondiaux juniors, qui débuteront le 25 octobre à Tenerife. Après avoir enregistré sur les plans national et international des résultats probants, Jean-Baptiste Dayer a obtenu son ticket pour la grand-messe du karaté. Une première qu’il vivra dans une catégorie d’âge qu’il découvrira également. «A dix jours près, j’aurais été le plus âgé de la catégorie U-16, là je serai le plus jeune des U-18 en moins de 68kilos.»

LE RÊVE OLYMPIQUE EN TÊTE

S’il a été médaillé à deux reprises cette saison en U-16 lors de rendez-vous internationaux (3e au Luxembourg et 2e en Croatie), le prodige du KCV ne se met pas pour autant de pression. «C’est quelque chose qu’il gère parfaitement. En fait, il stresse plus pour ses examens à l’école», sourit Jacques Dayer, son père. Olivier Knupfer abonde d’ailleurs dans ce sens. «Il a la tête sur les épaules et une qualité magnifique pour un karatéka de son âge. Il devra simplement prouver qu’il maîtrise ce qu’il a déjà appris et respecte le chemin qui lui reste à parcourir.» Ces Mondiaux doivent être une première étape, car celui que Jean-Baptiste surnomme «son mentor» voit beaucoup plus loin. «Il doit se construire pour avoir un jour la chance d’être olympique.» A ce sujet, le maître et l’élève sont sur la même longueur d’onde. «C’est clair que les Jeux olympiques sont un rêve que je veux réaliser un jour. Des karatékas plus anciens ont crevé d’envie de pouvoir s’aligner aux JO, à l’avenir, cette possibilité sera offerte à notre sport.»

LE KARATÉ COMME ÉCOLE DE VIE

Si autour de lui personne ne doute du talent qui l’habite, l’humilité ne quitte cependant pas les paroles de Jean-Baptiste. Pour lui, «le karaté est plus qu’un sport, c’est une voie que j’ai choisie». Cette voie, d’autres l’ont empruntée avant lui et l’adolescent s’en est passablement inspiré. «J’ai beaucoup de modèles au sein du KCV, mais le plus grand d’entre eux reste Kujtim (ndlr: Bajrami). C’est la crème de la crème.» La voix du jeune homme se serre quelque peu au moment d’évoquer les raisons de cette admiration. «Il est correct et a des principes avec lesquels il ne transige pas, que ce soit sur un tatami ou en dehors. Même lorsqu’il était blessé, il est venu nous soutenir et nous aider à progresser.»

Des valeurs qui font partie de l’ADN des karatékas qui ont grandi au sein du KCV d’Olivier Knupfer. «On ressent dans sa manière de nous transmettre son savoir à quel point le respect et la sagesse sont importants pour lui,» souffle Jean-Baptiste Dayer.

La méthode résonne d’ailleurs jusque entre les quatre murs du foyer familial de Sion. «Voir un jeune de 16 ans déjà prêt à redonner aux autres le peu qu’il a appris, pour des parents, la médaille est là», lâche Jacques Dayer. Un caractère que son fils avoue avoir forgé en grande partie en pratiquant son sport. «Le karaté te rend plus mûr plus vite, je serai sûrement un adolescent différent sans ça.»

Et ceux qui l’ont vu grandir et progresser sur les tatamis sédunois savent que son ascension n’est pas encore terminée, en tant que sportif et en tant qu’homme. «C’est un talent grandiose, souligne Kujtim Bajrami. Mais il bosse énormément et conserve son humilité.» Celui qui avait terminé 3e de ses premiers Mondiaux junior en 2007, sent bien que Jean-Baptiste peut et veut marcher dans ses traces. «Lorsque je coache les plus jeunes en compétition, il n’est pas rare qu’il me demande s’il peut m’accompagner. On ressent déjà chez lui une forte envie de transmettre quelque chose à ceux dont il sera le modèle un jour.»